Biographies et documents du patrimoine ASPIR
Usines Peugeot
♦ C’est à Sous-Cratet à Hérimoncourt que dès 1818, des Peugeot laminent des aciers pour faire des scies destinées au marché local et des ressorts pour l’industrie horlogère. C’est un des fils de Jean-Frédéric, Fritz, qui dépose, cette année-là le brevet d’un laminoir pour fabriquer des scies. Cette innovation a une importance capitale pour la famille Peugeot car grâce à ce brevet, qui améliore notablement la productivité et la qualité des scies, les commandes et récompenses abondent. ♦ En 1843 il y a une scission entre cousins , Fritz Peugeot avec ses trois frères et quatre frères Jackson , obtiennent l’autorisation de transformer deux vieux moulins qui se partagent les eaux du Doubs un peu en amont du pont à Pont-de-Roide en une usine de « grosse quincaillerie ». Ils souhaitent fabriquer des scies et autres outils fort utiles pour la population locale, d’abord et puis rapidement au marché national. Ils conservent également le moulin de Sous-Cratet à Hérimoncourt. Les trois autres cousins fondent le site de Terre Blanche toujours à Hérimoncourt Mais c’est aussi avec les autres fondateurs du site de Pont-de-Roide, les Jackson, que l’on doit situer les origines de l’industrie rudipontaine. Les Jackson sont des Anglais qui ont quitté leur pays sous le Premier Empire. Ils sont réputés pour les faux et faucilles qu’ils fabriquent. Mais avant tout, ils savent faire un acier de qualité, ce qui intéresse au plus haut point Fritz Peugeot et ses frères. Ils viennent de la vallée de l’Ondaine prés de saint Etienne. Enfin, si les Peugeot et les Jackson choisissent Pont de Roide pour s’implanter au milieu de ce 19e siècle, c’est que le site s’y prête admirablement. la force des eaux du Doubs pour les roues à aubes puis les turbines Fourneyron, l’abondance des forêts et du minerai de fer sont autant d’atouts avec, en plus l’existence de deux vieux moulins situés de part et d’autre de la rivière : le moulin « Joly » et l’ancien moulin banal. Très vite Pont de Roide passe de bourg rural en cité industrielle. ♦ Dans un premier temps, seul le moulin Joly situé rive droite est utilisé. Il est transformé en usine moderne avec des turbines C’est de cet endroit que sont fabriqués des scies en tout genre et de la « grosse quincaillerie » comme à Sous-Cratet. Les objets sont frappés de marque de fabrique pour des raisons douanières.
♦ En 1850 le moulin situé rive gauche est aussi transformé. C’est le départ de ce qui deviendra le Charmois.
L’entreprise change souvent de nom (1843 : Peugeot Ainées et Jackson frères – 1863 Peugeot Jackson et Cie, en 1878 : Peugeot ainés et Cie (le nom des Jackson a disparu) et en 1893 Peugeot et Cie)
♦ La mort d’Emile Peugeot puis celle de Georges Herr marquent la fin le l’ère des fondateurs.
Dés la fin du 19° siècle, suivant la tendance paternaliste des entreprises, des « œuvres sociales » sont développées avec entre autre, la création d’une fanfare, de nombreuses activités sportives avec la création de l’Union Sportive Rudipontaine), un hôpital, des cités ouvrières avec jardin, une coopérative pour l’alimentation etc.
En 1927 la totalité des moyens de laminage est regroupée au Charmois, rive gauche du Doubs. C’est aussi le début du laminage des aciers inoxydables.
En 1928, construction d’un nouvel ensemble industriel de 6000 m² destiné à un plan de développement du laminage, ceci accompagné d’un raccordement ferroviaire et la construction d’une centrale thermique.
De 1939 à 1945, période difficile pour l’activité des usines avec le départ à la guerre de nombreux ouvriers et l’occupation Allemande.
A la fin de la guerre, retour des prisonniers et reconstruction. Entre 1945 et 1983, l’usine se dirige « vers le tout laminage » avec plusieurs phases de développement et de modernisation. Le poids des bobines passe progressivement de 80 kilos à 20 tonnes avec une adaptation des bâtiments et de nouveaux équipements beaucoup plus modernes. Progressivement toutes les autres fabrications sont abandonnées. Les plans d’investissement se succèdent au rythme de tous les 7 ans. L’acier inoxydable prend de plus en plus d’importance. La création de la société Peugeot Loire permet d’enclencher une plan d’investissement dit « grand large » en doublant la capacité de l’usine.
Pendant ce temps, les œuvres sociales se poursuivent toujours avec l’hôpital Hélène Peugeot, la création d’une école ménagère, les fêtes de Noël, les colonies de vacances, les sorties des retraités, le sport avec ses diverses activités etc.
En 1983, en pleine crise de la sidérurgie française, acier et outillage Peugeot va vendre Peugeot Loire à Usinor. Pont de Roide fait désormais partie d’Usinor inox puis d’Usinor Chatillon qui est composé des usines de Pont de Roide, d’Isbergues et de Firminy.
En 1987, Usinor, dont Peugeot Loire fait partie, se marie avec Sacilor. Tous les producteurs d’Inox français font désormais partie du même groupe. Les forges de Gueugnon et l’aciérie de l’Ardoise viennent se rajouter aux sites de Pont de Roide, Firminy et Isbergues. Cet ensemble s’appelle tout d’abord Ugine, aciers de Chatillon et de Gueugnon puis Ugine tout court. Cette nouvelle entité devient le plus gros producteur d’inox au monde
En 1990, les feuillard spéciaux (aciers au carbone) sont vendus à Paturle, le site de Pont de Roide n’ayant pas un volume de commande suffisant pour être compétitif.
♦ En 1998, une réorganisation de l’ensemble de la production inox du groupe décide que Pont de Roide va se spécialiser dans les produits spéciaux. De ce fait, la production de produits courants standards transformée par le site va quitter l’établissement ce qui entraine une importante réduction du personnel.
Aujourd’hui le site emploie environ 300 personnes et produit 20000 tonnes de produits à haute valeur ajoutée.