Le monument aux morts de Pont de Roide a été inauguré en 1921. La scène se passe à ses pieds, quelques jours après. Il faut s’imaginer un lieu où de multiples couronnes et gerbes de fleurs sont encore là, par terre…
Il faut surtout s’imaginer la scène là où elle aurait pu se passer : à cette époque, et pendant plus de 60 ans ce monument était sur la place centrale, à l’intersection des routes de Montbéliard et de Besançon.
Il faut s’imaginer une femme de Pont-de-Roide à qui la mairie a demandé d’enlever les fleurs fanées et rendre propre ce lieu alors sacré.
Extraits :
Mathilde : (elle compte avec un doigt les noms des soldats tués inscrits sur une des faces du monument) 99, 100, 101, 102, 103, 104, 105…. 105 noms, 105 morts, 105 morts pour la France. ( elle désigne certains noms du doigt) Le Louis…Mon Dieu…
Quand j’vois ça… Et le petit Alfred, toujours souriant… si timide… Et le Jules, il laisse sa femme, la Suzanne, la douce Suzanne, et son p’tit Marcel, qu’est-ce qu’ils vont devenir ?… Quand j’y pense… Mon Dieu, quand j’vois çà… Ils ont un beau monument… ça oui…. tout neuf. Mais y sont plus là…105 qui sont plus là… Tous des jeunes… Pourquoi ? Il n’y a même plus de fanfare ici. C’est celle des usines de Terre Blanche qui a joué dimanche… Quel malheur !!! 105 noms !!
Louis : (il arrive de derrière la mairie avec Antoine) Eh ! il y en avait du boulot !!!!
Mathilde : Y avait 67 gerbes.. Il fallait faire du ménage. Le maire a dit de tout enlever… Je finis le travail…On ne peut pas en garder une plus qu’une autre… ça ferait des jaloux..
Louis : 67 gerbes… C’était une belle cérémonie…
Mathilde : Et des palmes… en bronze… une dizaine. La plus grande, c’était celle du général Herr. Elles étaient au milieu des fleurs. On les a ramassées et on les remettra plus tard.
Louis : Et où elles sont passées toutes les guirlandes ?
Mathilde : Le coup de vent d’hier soir ! Elles étaient par terre. C’est dommage..
Louis : Ben oui !
Mathilde : C’est dommage, oui… C’ est les femmes de l’Autriche qui les ont faites.
Louis : Ah bon !!
Antoine : 105 noms… ça fait beaucoup… (il montre le monument) C’est pour çà qu’il est haut.
Louis : Oui, il fallait mettre tous ces noms. C’est des Vosgiens qui l’ont fait. Des Vosgiens de Servance.
Mathilde : Servance, c’est encore en Haute Saône, çà ?
Louis : Oui, mais, le marbre, il vient des Vosges. Il s’appelle comment, celui qui l’a fait ? Antoine, tu étais là quand ça s’est décidé au conseil ?
Antoine : Oui, oui, attends, çà va me revenir ? Un nom de montagne ?
Louis : Pyrénées ?
Antoine : Non !, non, une montagne… (il cherche) C’est pas L’Alpin … c’est Le Morvan, voilà Le Morvan et l’autre Riboulet… Le Morvan et Riboulet, de Servance. Ils ont fait tout ce qui est en pierre.
Louis : Et le reste, (il montre le poilu ) le poilu à l’assaut ?
Antoine : (il montre le coq) Et le coq gaulois, un coq au combat. On les a choisis sur catalogue. On a reçu une dizaine de catalogues…..
(…)