En 1929, deux femmes s’apprêtent à laver leur linge dans le doubs derrière les Halles. Elles regrettent le bateau lavoir qui a été détruit par la crue de 1925 et échangent sur la crise en Amérique, l’agrandissement de l’usine Peugeot et la construction de l’église.
Extraits :
Victoire : Mais le lavoir qui était là et que la crue de 25 a emporté , lui, on peut dire qu’on le regrette.
Fernande : Moi , j’l’ai pas beaucoup connu mais c’est vrai qu’c était bien pratique .
Victoire : Faut dire qu’ y avait tout c’qui fallait, la chaudière à l’avant,sur les bords ,au milieu les planches pour frotter et même des toilettes à l’arrière. (elle mime dans l’air la forme du bateau et la place des équipements).
Fernande : Combien on pouvait être dessus déjà 8,10 ?
Victoire : 12 . Un peu serré mais ça allait. Toute la rive gauche l’utilisait. Faut dire qu’on n’a pas la chance d’avoir tous l’eau courante comme dans les cités. On est obligé de se contenter du puits.
Fernande : C’est vrai qu’il était pas mal grand. Je le revois encore sur le wagon à la gare quand il est arrivé de Chalons sur Saône. Le chef de gare n’avait jamais vu ça. C’était rigolo, quand même, un bateau sur un train. C’est pas tous les jours qu’on voit ça.
Victoire : Je m’en souviens très bien quand il a été emporté. C’était quelques jours après la Saint Jean, le 27 juin. C’était un jeudi et M. Péquignet , le nouveau garde champêtre avait oublié d’aller vérifier l’amarrage du bateau. Y savait pas encore bien quoi faire, mais tout de même c’est de sa faute.
Fernande : Si seulement l’Emile Braidenstain n’avait pas pris sa retraite.
Victoire : Enfin, pour finir, le bateau était trop au milieu de la rivière à cause de la crue, il s’est décroché et il est parti .I l s’est écrasé contre une pile du pont à Bourguignon. 2000 francs partis en fumée comme qui dirait.
Fernande: Et voilà, finis les papotages entre copines en frottant les chemises et les caleçons . C’était le bon temps (soupir), alors que maintenant on vient toujours au Doubs mais on lave sur les pierres et pour le rinçage c’est pas ça. (elle montre les pierres de la berge).
Victoire : Comme que comme, on n’a pas fini d’user nos mains dans l’eau froide (elle regarde ses mains et les retourne d’un air triste).